Le « Chaulat », ennemi du peuple

Le « Chaulat » est probablement l’ustensile de cuisine le plus utilisé en Afrique Orientale, en Inde et d’autres pays du Moyen-Orient. Il s’agit du fameux « réchaud » à pétrole lampant. C’est, pour certaines familles, le seul moyen de faire la cuisine. La « chose » est généralement posée à même le sol et tous les plats sont cuisinés sur un ou parfois plusieurs « chaulats » en batterie.

Le chaulat, gouffre économique, danger domestique

S’il peut paraître économique, la consommation en pétrole lampant de ce type de réchaud portatif peut rapidement grever les finances mensuelles d’un foyer modeste. Outre d’être pécuniairement dévorant, le « chaulat » est surtout potentiellement dangereux. Les réserves de combustibles sont souvent conservées dans un contenant en plastique à l’instar de l’eau de javel vendue elle aussi au détail et qu’on pourrait confondre avec une simple bouteille d’eau. Il n’est pas rare qu’un drame domestique advienne, hélas parfois mortel…

La fumée et l’odeur de la misère

Le « gaz domestique » et les gazinières associées ont toujours été l’apanage des familles aisées… Mes premières années en Afrique Orientale, j’ai longtemps vécu sans la possibilité d’acheter une « vraie » gazinière et surtout les recharges très onéreuses. L’on cuisinait donc avec le « chaulat »… dont les émanations sont particulièrement fortes et malodorantes : c’est ni plus ni moins que du kérozène domestique qui dégage une épaisse fumée noirâtre et nauséabonde laquelle imprègne durablement la nourriture cuisinée : seul un utilisateur expérimentée sait comment atténuer ces désagréments en utilisant toutes sortes de techniques à la cuisson.

Chaulat expérience

Lorsqu’on m’a demandé de faire la promotion du gaz domestique, qui s’était quelque peu « démocratisé » avec l’arrivée sur le marché « d’Amania Gaz », j’ai tout de suite pensé à ces premières années de vie passées avec le « chaulat », ennemi juré des cuisiniers et de la santé. Si le clip peut paraître « loufoque » dans sa forme graphique, son traitement l’est beaucoup moins : sa diffusion a causé bien des soucis au ministère de la santé publique… et au revendeur étatique de pétrole lampant, qui voyait là un gros risque d’effondrement d’un marché très florissant.

Ce fut donc un combat entre « Amania Gaz », qui souhaitait réellement changer la donne économique, modifier les habitudes de vie et inciter toute une population à opter pour l’utilisation en masse du gaz domestique bon marché.

Voulez-vous faire exploser le pays ?

Si l’on pouvait sentir, à travers ce court clip, le peu de sympathie, voire même la haine que je pouvais éprouver envers le « Chaulat » c’est que j’avais des comptes à régler avec l’ustensile : se réveiller parfois à l’aube, avec une infecte et persistante odeur de kérozène brûlé, parce que votre « servante », insomniaque – la plupart des « serviteurs » vivent sous votre toit – aura eu l’idée de préparer le thé de bonne heure enfumant d’une âcre pestilence toute la maisonnée. Mais c’était bien d’entendre ici et là, une sombre histoire de « brûlé vif », ou plus tragique encore, d’enfant intoxiqué après avoir étanché une soif avec du « gas » qui m’avaient encouragé à livrer bataille au réchaud maudit.

Malheureusement, la « guerre » déclenchée fut rapidement perdue : on argua que l’usage du « gaz domestique » n’était pas encore répandu dans les mœurs et surtout, qu’il était toujours hors de prix : c’est qu’on ne peut jamais acheter du butane ou propane au « détail »… un investissement assez conséquent sans compter la « consigne ». La concurrence « pratique » avait largement le dessus : une famille modeste (pour ne pas dire miséreuse) pouvait se payer quelques décilitres de pétrole lampant… un achat à renouveler presque chaque jour : cette « dilution » pouvait créer un sentiment d’économie sur une très courte échelle de temps : nos calculs prouvaient, en théorie, qu’une gazinière au butane/propane était bien plus rentable !

Plus insidieux et malhonnête, l’argument de vouloir « exploser » le pays fut sans doute la cause principale qui ruina tous nos efforts de communication. Je m’étais engagé, par principe, à encourager l’utilisation des gazinières en réalisant ce clip très faiblement budgétisé (Amania Gaz était sur le point d’annoncer une banqueroute imminente en raison d’un problème de logistique). Le clip fut rapidement censuré (sous le fallacieux prétexte d’avoir voulu « zombifier » Fahmi et sa partenaire dans le clip : cause de terreur chez les enfants… c’était un « déjà vu et entendu » du « Cafard ») par le lobby du pétrole lampant et nous eûmes droit à se voir répandre dans les mabrazes d’officiels où se font et défont les réputations, des rumeurs sur notre prétendue « irresponsabilité » : « Vous imaginez avec toutes ces bouteilles de gaz en circulation, un jour ou l’autre, c’est tout le pays que vous voulez voir exploser !« 

Le clip cessa rapidement d’être diffusé et pire encore, « l’aventurier » à l’origine d’Amania Gaz, qui voyait grand et très haut, déclara faillite…

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